« Nous rapportons la découverte d’un bassin sous la calotte glaciaire (…) d’une profondeur jusqu’à 1,5 kilomètre, connecté avec la couche glaciaire de la mer intérieure de Bellingshausen et dont l’existence affecte profondément la perte de glace » de l’Antarctique occidental, expliquent-ils dans une étude publiée jeudi par la revue britannique Nature.
Les sept auteurs expliquent que le système des rifts de l’ouest de l’Antarctique, creusés constamment par des phénomènes d’érosion, laissent entrer de l’eau « plus chaude » de l’océan « promouvant ainsi l’instabilité de la calotte glaciaire ».
La région où a été découvert le canyon n’avait pas fait l’objet de recherches poussées depuis près de 50 ans. En 2010 une mission du projet de surveillance britannique de l’Antarctique (BAS) s’est rendue sur place dirigée par le glaciologue Robert Bingham de l’université d’Aberdeen en Ecosse, pour vérifier les informations des satellites de la Nasa montrant d’importantes fontes des glaces dans la région.
Les chercheurs avaient ainsi arpenté la calotte glaciaire sur près de 2.500 km en traînant derrière eux un radar permettant de sonder les profondeurs de la croute de glace car les images de la Nasa ne pouvaient photographier que la surface.
« Imaginez le Grand Canyon, sauf que celui-ci est d’une profondeur de 1,5 km, environ 10 km de large et près de 100 km de long », a précisé à l’AFP Robert Bingham en expliquant la découverte de son équipe.
Sur la base des changements observés ces dernières années dans l’Antarctique occidental, « on ne peut pas parler simplement d’une réduction de la calotte glaciaire comme une conséquence à court terme du réchauffement climatique », a conclu l’étude. « Cela fait partie d’un système plus vaste d’interactions entre l’activité tectonique, les modifications du paysage glaciaire et les changements océaniques et atmosphériques », soulignent les chercheurs.