Inquiétudes autour du renflouement et de l’évacuation du Concordia

Redresser et refaire flotter cet énorme paquebot de croisières de 290 mètres de long qui n’a pas bougé depuis la tragique nuit du 13 janvier 2012 où il heurta de plein fouet un écueil — un accident ayant fait 32 morts — est une prouesse technique sans précédent.

Récemment des caissons géants ont été disposés sur le flanc gauche du navire. Une fois qu’il aura été redressé grâce à un complexe système de grues et câbles, ils serviront à le faire flotter.

Jusqu’à présent, Costa et le consortium Titan Micoperi chargé techniquement de l’opération avaient parlé de septembre et de six ou sept semaines de plus pour le tracter vers un port où il serait démantelé.

Mais le chef de la protection civile Franco Gabrielli a douché l’enthousiasme général dans une récente interview télévisée évoquant un manque de garanties sur ce qu’il se passera quand le navire sera remis en position debout.

« Même si les ingénieurs ont fait des simulations et des hypothèses, nous ne savons pas jusqu’à quel niveau les rochers ont pénétré dans le flanc du navire, quel type d’ouverture ils ont provoquée et dans quelles conditions se trouve réellement la structure », a expliqué M. Gabrielli.

Sa crainte et celle d’autres spécialistes est que le navire puisse se briser en plusieurs morceaux pendant la manoeuvre, déversant dans la réserve maritime qu’est le Giglio, des tonnes d’eau polluée contenant les produits d’entretien et la nourriture que transportait le navire.

« Si on ne nous fournit pas toute une série de garanties, le navire restera là où il est jusqu’à l’an prochain, quand les conditions météos permettront de le remettre sur pied de façon totalement sûre », a ajouté M. Gabrielli.

Des plongeurs de la police judiciaire et experts ont inspecté lundi le fonds marin pour vérifier l’état des champs de posidonie et l’habitat des crevettes à proximité du Concordia.

Outre les chefs d’accusation d’homicides multiples par imprudence, naufrage et abandon de navire, M. Schettino comparaîtra à partir de mercredi pour dégâts présumés à l’environnement.

Pour le maire du Giglio, toutefois, le risque de pollution est « inexistant ». Le vrai problème, a expliqué Sergio Ortelli par téléphone à l’AFP, ce serait « une troisième saison touristique » pénalisée par la présence du navire.

Lors de la saison 2012, le nombre de présences a chuté de 28 à 30%, a déploré le maire, tout en admettant que ceci s’explique par la crise qui frappe l’Italie depuis près de deux ans.

« Nous n’en pouvons plus, nous sommes las, il y a toujours de nouveaux problèmes », a-t-il protesté.

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