Canal de Suez : un coût « gérable » pour les assureurs, selon l’agence DBRS Morningstar

Paris, 30 mars 2021 (AFP) – Le coût total de l’obstruction du canal de Suez par le porte-conteneur géant Ever Given « restera gérable » pour le secteur mondial de l’assurance, a estimé mardi l’agence de notation financière DBRS Morningstar.

« Les pertes totales assurées vont rester gérables, compte tenu de la période relativement courte de blocage du canal, des limitations et franchises de certaines couvertures, et de la forte capitalisation de la plupart des assureurs », anticipe dans une note l’agence.

Cela étant, au vu du nombre d’acteurs impliqués et de la complexité de l’assurance dans le transport maritime, le blocage du canal pourrait concerner plusieurs types de polices d’assurance.

En premier lieu, la coque et le moteur de l’Ever Given, le gigantesque porte-conteneur qui est resté coincé près d’une semaine, sont assurés contre les dommages physiques. Pour l’instant, ceux-ci semblent « très limités », même si des vérifications doivent encore être effectuées, détaille DBRS Morningstar, précisant que les navires de ce type disposent généralement d’une couverture maximale comprise entre 100 à 140 millions de dollars.

Cette assurance devrait aussi couvrir les coûts de sauvetage, explique DBRS.

Les risques associés à la propriété et l’exploitation d’un navire dépendent eux d’un deuxième type de couverture, équivalent d’une assurance en responsabilité civile. Cela inclut le risque de dommages aux tiers durant le transit, les dégâts causés à l’environnement, ainsi que les risques politiques et de guerre.

L’Autorité du canal de Suez (SCA) souhaitant récupérer une partie des revenus issus du droit de passage perdu -entre 12 et 15 millions de dollars par jour de fermeture, selon elle- ainsi que les dommages occasionnés au canal, il est probable que cette assurance soit activée, anticipe l’agence de notation.

« Il est probable qu’un litige s’ensuive pour déterminer la responsabilité légale du blocage de l’Ever Given. Pour l’instant, il semblerait que les responsabilités pourraient se partager entre le propriétaire du navire, son opérateur et la SCA, qui demande aux pilotes locaux de guider les navires dans le canal », précise DBRS Morningstar.

Enfin, pour tous ceux ayant souffert de retard, il est peu probable que les assurances prennent en charge ce coût, sauf pour ceux qui sont explicitement assurés contre ce risque ou qui transportaient des produits périssables et donc perdus.

« Nous prévoyons que la plupart des propriétaires de cargo engagent une procédure judiciaire contre le propriétaire et les assureurs de responsabilité civile de l’Ever Given », anticipe DBRS Morningstar, ajoutant que les premières estimations pointent en direction d’une couverture maximale comprise entre 200 et 300 millions de dollars.

ktr-bt/soe/LyS

SCA – SVENSKA CELLULOSA AB

Voir les autres articles de la catégorie

OCÉAN D'HISTOIRES

« Océan d’histoires », la nouvelle web série coanimée avec Bertrand de Lesquen, directeur du magazine Marine & Océans, à voir sur parismatch.com et sur le site de Marine & Océans en partenariat avec GTT, donne la parole à des témoins, experts ou personnalités qui confient leurs regards, leurs observations, leurs anecdotes sur ce « monde du silence » qui n’en est pas un.

5 MOIS EN ANTARCTIQUE