Navalu, le petit chantier naval vendéen en pointe sur l’éolien

Derrière cette « très petite entreprise », située dans le port ostréicole de Port du Bec à Bouin, en face de l’île de Noirmoutier, un patron visionnaire, Bernard Minguet, qui a pris le virage de l’éolien offshore dès 2010, à un moment où il n’en était qu’à ses prémices en France.

Electromécanicien de formation passé par la fabrication des « premières piscines à coque de Vendée », M. Minguet est « devenu constructeur naval » après avoir racheté en 2002 une forge marine, qu’il transforme en quelques années en chantier naval spécialisé dans les barges conchylicoles en aluminium, un matériau « plus léger » et nécessitant moins d’entretien que l’acier.

« Plombé » par la crise de l’ostréiculture en 2009, liée à la surmortalité massive des jeunes huîtres dans les bassins de production, l’entrepreneur vendéen doit « chercher de nouveaux marchés ». « A l’époque, tout le monde parlait de l’éolien en mer », se souvient Bernard Minguet, qui y voit tout de suite un « marché prometteur pour l’avenir ».

Mais alors que la France commence tout juste à définir les zones propices à l’installation d’éoliennes offshore, le constructeur naval se tourne vers l’étranger, et notamment les pays en pointe dans ce secteur, « les Pays-Bas, mais surtout l’Angleterre », qui multiplie les projets de parcs éoliens depuis le début des années 2000.

– Marché « timide » –

Après avoir embauché un architecte naval et couru les salons internationaux pour faire connaître sa petite entreprise, Bernard Minguet décroche son premier contrat fin 2011 auprès d’Enviroserve, une société britannique spécialisée dans la maintenance des éoliennes offshore, et fait de Navalu « le premier chantier naval français à avoir sorti un bateau spécialement conçu pour l’éolien offshore », se réjouit le chef d’entreprise.

Pour que ce catamaran de 24 mètres de long, le « Sea Fox », transportant jusqu’à 12 passagers, puisse mieux « coller » à l’éolienne même par forte houle, il innove en plaçant deux moteurs par coque. Sa construction terminée au bout d’un an, son jumeau, le « Sea Lynx », est commandé dans la foulée pour une livraison prévue début 2016, permettant à Navalu d’assurer « 60% de (son) chiffre d’affaires » grâce à l’éolien en mer, souligne Bernard Minguet.

Ce dernier a investi il y a deux ans dans un deuxième atelier spécialement dédié aux énergies marines renouvelables (EMR) pour y loger les grandes carcasses en aluminium des navires de maintenance, sans gêner la fabrication des autres bateaux, chalands agricoles ou navires passagers, telle cette navette fluviale propulsée à l’hydrogène qui naviguera bientôt sur l’Erdre à Nantes.

Avec trois bateaux « sur mesure » construits par mois, pour les ostréiculteurs ou les professionnels portuaires, cette activité reste essentielle pour le patron de Navalu, le marché de l’éolien étant encore trop « timide ».

« La demande stagne à l’étranger depuis début 2014 et en France, ça traîne. Aucun armateur ne veut se lancer dans la construction d’un bateau pour l’éolien. Il y aura peut-être une dynamique qui se créera, mais pas avant 2018-2020 (date à laquelle les premiers champs d’éoliennes offshore devraient être opérationnels au large des côtes françaises, NDLR), c’est loin », déplore Bernard Minguet, qui travaille sur « plusieurs projets » et espère avoir à l’avenir en permanence « un bateau en finition et un en commencement » dans son atelier EMR.

Voir les autres articles de la catégorie

OCÉAN D'HISTOIRES

« Océan d’histoires », la nouvelle web série coanimée avec Bertrand de Lesquen, directeur du magazine Marine & Océans, à voir sur parismatch.com et sur le site de Marine & Océans en partenariat avec GTT, donne la parole à des témoins, experts ou personnalités qui confient leurs regards, leurs observations, leurs anecdotes sur ce « monde du silence » qui n’en est pas un.

5 MOIS EN ANTARCTIQUE