Intensifier les raids antijihadistes serait une erreur, selon le général Dempsey

Le chef d’état-major inter-armées américain a plaidé pour une « patience stratégique » dans la lutte que livre la coalition menée par les Etats-Unis au groupe Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie.

« Larguer un tapis de bombes sur l’Irak n’est pas la solution », a-t-il affirmé à bord du bâtiment français qui participe à cette opération depuis fin février dans les eaux du Golfe.

« Nous avons la responsabilité d’être très précis dans l’usage de notre puissance aérienne », a expliqué le général Dempsey, assurant qu’augmenter le rythme des raids accentuerait les risques pour les populations civiles, ce qui pourrait alimenter en retour la propagande jihadiste.

« Cela signifie qu’il faut prendre le temps » de rassembler des renseignements précis sur les cibles possibles, a-t-il ajouté.

Le militaire américain a aussi indiqué que la fréquence des bombardements aériens dépendait des capacités de l’armée irakienne sur le terrain et de la volonté du gouvernement de Bagdad de se réconcilier avec la population arabe sunnite, méfiante envers les forces de sécurité.

L’EI a en effet profité du sentiment de marginalisation de cette population sous les gouvernements irakiens majoritairement chiites de ces dernières années pour s’emparer en juin de vastes territoires au nord et à l’ouest de l’Irak, majoritairement arabes sunnites.

En lançant il y a peu la bataille pour reprendre Tikrit à l’EI, le Premier ministre irakien a d’ailleurs appelé les forces pro-gouvernementales à faire de la sécurité des civils leur « priorité ».

Le général Dempsey, qui s’exprimait dimanche aux côtés de son homologue français, le général Pierre de Villiers, a également souligné qu’il n’y avait pas besoin d’augmenter le nombre de militaires américains présents en Irak dans le cadre de la lutte antijihadistes. Ces 2.600 hommes sont chargés de conseiller et entraîner l’armée de Bagdad, car cette dernière n’était pas prête pour un effort de plus grande envergure.

« Nous avons des conseillers qui attendent (encore) que certaines unités irakiennes se présentent », a dit le responsable militaire américain. « Et quand elles se sont présentées, une poignée d’entre elles étaient affaiblies et parfois sous-équipées ».

Le Charles de Gaulle effectue une mission de huit semaines dans le Golfe dans le cadre de la coalition dirigée par Washington.

Selon des officiers français, de 10 à 15 avions décollent chaque jour du porte-avions pour des missions au-dessus de l’Irak.

La visite du général Dempsey sur ce bâtiment, inhabituelle pour un chef d’état-major inter-armées américain, illustre les bonnes relations entre les deux armées et les deux pays en général, loin des dissensions nées de l’invasion américaine en Irak en 2003.

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