SNCM: après le compromis, les salariés reprennent le travail

« Les marins suspendent le mouvement » et « la reprise sera effective à 19h00 », avait annoncé dans la matinée le délégué de la CGT Frédéric Alpozzo, au terme de 16 jours de grève.

Les marins ont pris cette décision « à la quasi-unanimité », a-t-il précisé, à l’issue d’une assemblée générale de 200 salariés tenue à huis clos sur le Danielle-Casanova, l’un des bateaux de la compagnie marseillaise.

La direction de la compagnie a annoncé la reprise de 80% du trafic dès la soirée, et un rétablissement complet de ses liaisons maritimes à partir de vendredi.

Le mouvement ne « peut être que suspendu, tant que le gouvernement n’apporte pas de solution pérenne », a cependant précisé M. Alpozzo. « Le préavis est retiré mais si d’ici décembre, aucune solution pérenne n’était trouvée, ce que nous ne souhaitons pas, il pourrait y avoir le dépôt d’un nouveau préavis », a-t-il prévenu.

Dans un communiqué, le secrétaire d’Etat aux Transports Frédéric Cuvillier a « salué la reprise du travail » et « l’action de médiation conduite par le négociateur Gilles Bélier ». « Les discussions (…) ont permis de dépasser les postures et de trouver une voie équilibrée », estime-t-il.

Après trois jours de grandes tensions de part et d’autre de la Méditerranée, les syndicats de la SNCM ont obtenu un moratoire de quatre mois excluant pendant ce temps tout redressement judiciaire.

Eux qui avaient fait un pas en avant en acceptant l’idée d' »un nouveau plan » industriel avec la nouvelle direction mise en place par l’actionnaire majoritaire Transdev (66%), synonyme de nouveau plan social, souhaitaient « un cadre sécurisé ». En clair: pas de tribunal de commerce, le temps de travailler sur le plan et de rechercher de nouveaux actionnaires. Ils ont ainsi obtenu quatre mois de délai.

Ce compromis, sur la table dès lundi, n’a été adopté que mercredi soir, après de multiples interruptions de séances durant lesquelles les émissaires de Transdev contactaient leur direction. « Cette médiation aurait pu se tenir en une journée lundi, elle aurait pu se tenir bien avant même le début de la grève, durant les préavis », regrettait, amer, Pierre Maupoint de Vandeul, représentant de la CFE-CGC officiers.

Il déplorait également la « terrible crise de confiance avec nos actionnaires (Etat et Transdev, ndlr) et avec le gouvernement » après les propos de Manuel Valls demandant la mise en redressement, en pleine tenue des négociations.

Pour le PDG de Veolia Environnement, Antoine Frérot, actionnaire de la SNCM via son entreprise Transdev, le moratoire de quatre mois est « une perte de temps » : « Cela fait perdre du temps, et surtout, cela gaspille de l’argent. Et cet argent, il aurait pu être utilisé pour mieux indemniser les salariés qui devront partir à la fin », a-t-il assuré jeudi, réaffirmant que le redressement judiciaire demeurait à ses yeux la seule solution pour éviter les amendes de Bruxelles (440 millions d’euros) imposées pour avoir perçu des aides illégales de l’État.

– Compensations pour les entreprises corses –

Jeudi, une délégation des entreprises corses affectées par ces deux semaines et demi de grève a obtenu lors d’un rendez-vous à Matignon des mesures pour minimiser l’impact de la grève.

Les entreprises pénalisées bénéficieront d’un « étalement » du paiement de leurs charges patronales du deuxième trimestre et l' »effacement » de ces charges au troisième trimestre, a expliqué Antoine Mondoloni, président de la Chambre régionale de commerce et d’industrie de Corse à sa sortie de Matignon. Selon lui, « la Corse a perdu entre 7 et 8 millions d’euros (par jour), sur 17 jours ».

Des débuts de pénuries, sur certaines denrées, ont été observées sur l’île, où l’essentiel de l’alimentation est importée et où la population triple en été avec les touristes.

Les représentants du monde économique insulaire ont manifesté à plusieurs reprises leur colère, avec des actions parfois violentes, comme la prise d’assaut du navire Jean-Nicoli à Porto-Vecchio la semaine dernière ou le saccage de l’agence SNCM de Bastia mercredi.

De son côté, Frédéric Alpozzo a redemandé, en vain, que les organisations syndicales soient également reçues « dans les heures qui viennent » par le Premier ministre, les syndicats regrettant que M. Valls « reçoive ceux qui cassent » et pas « ceux qui défendent les emplois ».

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VEOLIA ENVIRONNEMENT

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