L’incroyable histoire du radeau de la Méduse, ce soir, samedi 21 mars, sur ARTE

Qui connaît la véritable histoire du célèbre tableau de Géricault ? Deux cent ans après les faits, de nouvelles pistes permettent enfin de lever le voile sur cette tragédie. Nous sommes en 1816. Au large des côtes mauritaniennes se déroule l’un des plus effroyables drames de l’histoire maritime et coloniale française : celui du radeau de la Méduse, une embarcation de fortune, surnommée « La machine », où s’étaient entassées 151 personnes dont sept seulement survivront. A partir d’une double enquête, celle contemporaine d’un historien passionné, et celle menée, il y a deux siècles, par Géricault, le documentaire nous invite à découvrir, pièce par pièce, cette stupéfiante page de notre histoire.

L’enquête de Théodore Géricault

Fasciné par le récit du drame, Géricault décide d’en faire le sujet de sa première œuvre d’importance. Avant de se lancer dans la réalisation de son tableau, il mena une enquête extrêmement précise. Elle fait, dans le documentaire, l’objet d’une reconstitution fictionnée.

L’enquête contemporaine

200 ans plus tard, Philippe Mathieu, administrateur du musée de la Marine de Rochefort, se base sur les lettres du capitaine Chaumareys pour relancer l’enquête, entre archives du passé et expertises d’aujourd’hui. Pour mieux comprendre l’histoire, il fait reconstruire le radeau de la Méduse d’après le plan du survivant Alexandre Corréard. Assemblée à Rochefort, cette réplique permet de prendre la mesure de l’embarcation et de ce que fut, à l’époque, l’entassement de 151 adultes à son bord.

Le contexte historique

A la Restauration, sous le règne de Louis XVIII, l’Angleterre doit restituer à la France son ancienne colonie du Sénégal. Le navire la Méduse reçoit alors pour mission d’y transporter le nouveau gouverneur Schmaltz, les fonctionnaires de la Compagnie, ses troupes et le corps expéditionnaire. Au total, la Méduse qui ne possède que six canots de sauvetage, embarque à son bord près de 400 passagers. La flottille est composée de quatre navires : la Méduse, l’Echo, la Loire et l’Argus. L’expédition est commandée par Hugues Duroy de Chaumareys qui n’a pas navigué depuis 25 ans…

Chronologie

6 juin 1816
Commandée par Hugues Duroy de Chaumareys, la division, qui doit reprendre la colonie du Sénégal, quitte Rochefort. Les autorités de la Marine recommandent à la flottille de rester au large des côtes de Mauritanie pour éviter les récifs et les bancs de sable. En dépit de ces recommandations, le commandant Chaumareys veut gagner du temps et fait la sourde oreille aux avertissements lumineux des trois autres navires qui ne tardent pas à suivre une autre route.

2 juillet 1816
La Méduse s’immobilise sur un banc de sable au large des côtes de la Mauritanie. Pour alléger le navire surchargé, les officiers donnent l’ordre de construire un radeau, appelé également La Machine. Il s’agit alors uniquement d’y placer tout ce qui pourrait alléger la Méduse.

4 juillet 1816
Après deux jours de chaos général, le temps se gâte, le gouvernail se brise et la Méduse finit par s’incliner. La frégate ne possédant pas assez de canots de sauvetage, 151 hommes, en majorité des soldats, sont désignés par l’état-major pour monter à bord du radeau de fortune. Le commandant et la plupart des officiers embarquent dans des chaloupes. La côte, encore invisible, se trouve à 80 kilomètres. Les canots tentent de remorquer le radeau, mais, surchargé, il retarde la progression du convoi. Les amarres sont finalement rompues et les canots s’éloignent.

5 juillet 1816
La lente dérive du radeau de la Méduse commence avec 151 personnes à bord.

6 juillet 1816
La deuxième nuit vient de tomber sur le radeau. Affamé, accablé de fatigue et d’angoisse, un groupe de soldats se jette sur les tonneaux de vin. Une révolte éclate et les officiers réagissent à grands coups de sabre. Le radeau est jonché de cadavres. Après plusieurs assauts d’une violence inouïe, on dénombre plus de 80 disparus.

7 juillet 1816
D’après le témoignage du médecin Jean-Baptiste Savigny, destiné aux autorités maritimes, les actes de cannibalisme apparaissent dès le troisième jour de dérive : « Ceux que la mort avait épargnés dans la nuit désastreuse, se précipitèrent avidement sur les cadavres, les divisèrent par tranches et quelques-uns même les dévorèrent à l’instant. Beaucoup n’y touchèrent pas, et tous les officiers et moi fûmes de ce nombre. » C’est le recit de ce rescapé du radeau qui fait éclater le scandale.

11 juillet 1816
Au septième jour sur le radeau, il ne reste plus que 27 survivants dont la moitié agonise. Afin de se donner encore une chance de survie, les officiers décident de jeter les blessés à l’eau. 

17 juillet 1816
Après treize jours de dérive, il ne reste que 15 survivants, quand apparait soudain au loin l’Argus, l’un des quatre navires de l’expédition du Sénégal. Fait troublant sur les événements à bord et le commandement du radeau, la majorité de ceux qui ont survécu sont officiers ou notables, destinés à des fonctions précises dans la nouvelle colonie. Seul un soldat est encore vivant.

3 mars 1817
Jugement du commandant de la Méduse, Hugues Duroy de Chaumareys, qui était l’un des premiers à abondonner le navire : on lui reproche notamment son incompétence et sa lâcheté. Il risque la peine de mort, mais est finalement condamné à trois ans de prison.

Le tableau de Géricault, la genèse d’une oeuvre

1817, théodore Géricault, âgé de 26 ans, revient à Paris après un long voyage en Italie et découvre le scandale qui secoue la France depuis plusieurs mois : le naufrage de la Méduse. Fasciné par l’histoire, il décide d’en savoir plus sur cette affaire. Il rencontre plusieurs fois les témoins principaux du drame, le médecin Jean-Baptiste Savigny et l’ingénieur Alexandre Corréard, deux célèbres rescapés du radeau.

1818, Près d’un an après le début de son enquête, Théodore Géricault a finalement choisi de peindre l’instant ultime du calvaire des naufragés, où les survivants à bout de force aperçoivent la silhouette d’un navire à l’horizon. Il conçoit une toile monumentale de 5 mètres sur 7. Son atelier étant à deux pas de l’hôpital Beaujon, le peintre n’hésite pas à s’y rendre discrètement pour étudier le visage des malades et des moribonds.

Le 25 avril 1819, le peintre expose son œuvre au salon de Paris. 

En 1824, à la mort de Géricault, le musée du Louvre devient propriétaire de la toile qui est exposée depuis cette époque dans la salle Mollien. 

Un documentaire coproduit par ARTE France et Grand Angle Production (2014, 1h30 mm) 

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